Rechercher dans ce blog

lundi 30 novembre 2015

Le chevalier regarde la taverne

Le chevalier sans nom regarde la taverne 


Le chevalier sans nom regarde la taverne,
Basse, noire, enfumée, comme un bouge d'Arverne.;
Comme en forêt de Brocélande, des vapeurs
Pâles fissurent son esprit, son coeur
Et celui de sa Dame, dont les yeux le hantent .
Jusqu'au Val sans retour son image l'enchante
Lorsque le jour se lève et que son corps s'enfuit
Son coeur reste  près d'elle et revit le déduit.
De la fontaine au gué sur le pont des possibles,
Champion de fin'amor, l'amant se veut la cible .
Sa quête l'a conduit  au royaume de Gorre
Puis chez un roi-pêcheur où l'attend une amphore.
Ce sera quoi? Ce sera pour l'instant juste croire
Au ciel  de vos yeux bleus, ma Reine, à ce mirage,
Car ma quête impossible est celle d'un plus sage.

MissYves 
.............
Yvan le Moine, Au bouge, Le cheval qui chemine.


...............

Je regarde le bistrot

  je regarde le bistrot il est lumineux clair
  comme un smog londonien et sa glauque clarté
  nous crève les yeux nous fissure l’esprit et on rampe
  là l’un vers l’autre dans nos yeux et nos esprits
  pendant que le jour se casse nos lèvres sèches lampent
  la musique de nos boissons de tes yeux jolis
  comme mer de possibilités là devant nous
  l’autre est parti sans laisser de pourboire
  et le barman nous fixe nous dit alors vous
  ce sera quoi ? ce sera pour l’instant juste boire
  le bleu de tes yeux ton regard ton visage
  dans la mer de choses possibles là où on nage

  Extrait du poème À Bourges de Ian Monk, in 14 x 14 l’Âne qui butine, 2014

  L'oulipien de l'année/Zazipo


..........................................................................................................................................................

dimanche 29 novembre 2015

Fabulette




L'oulipien, la fée et le  barman

Cherchant l'inspiration dont la source est tarie
Desséché le poète s'en va par les champs
Elysées, sur  les pas des poètes maudits
Cassant sa tire-lyre  pour scander ses chants
Il entre en un bistrot dont les vitres transpirent,
Décor brumeux pour un acteur jouant  Shakespeare.
C'était l'heure paisible où les lions vont boire,
Un client s'est cassé sans laisser de pourboire.
La fée verte aux yeux bleus est plus qu'une autre exquise,
J'écris ton nom: Viviane, Eléonore,  Elise
D'amour me font mourir vos yeux , belle marquise
Me plonger dans vos yeux, nager dans la Tamise...
Mais au lieu de lamper, Ian Monk  se ravise.
Le barman obséquieux demande à l'oulipien:
"Pour vous, ce sera quoi?"
Un café, du coca, martini, Aqua-
-Vit? Vittel menthe, menthe à l'eau , rataf-
-Ia? Jawhol? Yes? Si? No?
RIEN!
Quoi? Ca décoiffe!

Moralité: 
On ne peut faire boire un Ian qui n'a pas soif.
...............................

Citations: 

1 , 2 Victor Hugo
3 Agrippa d'Aubigné
4 Paul Eluard
5 Molière
..............................................................................................................................

Miss Yves

samedi 21 novembre 2015

Musique de zinc




Musique de zinc.
Tina est dans le bistrot et voit un bock. Sous la rampe, la lumière est glauque. Le juke-box joue du Glück. Tina est dans les vaps. Elle demande à Ian Monk: "C'est quoi un bock ?"Ian Monck dit qu'un bock est une chope. Ian Monk prend la chope et la tend vers la lampe. Le juke - box égrène: "Viens boire un p'tit coup à la maison" puis "Elle a les yeux révolver", puis "salade de fruit, jolie, jolie, jolie". Tina s'appuie contre la rampe. Elle demande à Ian Monk: "C'est quoi, une chope? "Ian Monk dit qu'une chope est une  moque. Tina se moque, elle dit qu'une moque  n'est pas une chope, qu'une chope n'est pas un bock, et qu'un bock est un mug. Le juke -box joue une zizique zen de Zazie, puis "la mer qu'on voit danser le long des golfes clairs", dans le troquet glauque. "C'est quoi, glauque ?"demande Tina. Ian Monk dit que glauque, c'est vert, alors que s'entrechoquent des verres.
Le Juke-box joue une chanson de Tino. Ian Monk dit qu'un quidam est parti sans laisser de pourboire. Tina dit qu'un pourboire est un pourliche, a tip, en Angliche, dame ouiche !
Devant un pichet, Ian Monk dit qu'un pourboire n'est pas un pot de vin. Zélé, le barman fixe Ian Monk et Tina, fissa."Pour vous, ce sera quoi?" Rien. Nothing. Nada . Le juke -box sussure :" Lipstick polychrome", puis "Emilie jolie", "la vie en rose". Ian Monk se plonge dans les yeux pers de Tina. Le juke -box joue Ulysse: "Mais quand reverrais-je ?" Ian Monk dit:" Tina n'est pas Tina, Tina est Athéna". Une flaque d'eau est sur le zinc. Le juke -box murmure "J'ai traversé les mers à la force de mes bras". Tina dit "un thème de Jazz  n'est pas un air de Zaz et un air de Zaz n'est pas un air de Zizi Jeanmaire et un air de Zizi Jeanmaire n'est pas une mélodie  de Zazie".

Ian Monk écrit Tina dans le bistrot.

Yan  Pastis, l'anis qui pétille.



...............................................................................................................................................
je regarde le bistrot il est lumineux clair
comme un smog londonien et sa glauque clarté
nous crève les yeux nous fissure l’esprit et on rampe
là l’un vers l’autre dans nos yeux et nos esprits
pendant que le jour se casse nos lèvres sèches lampent
la musique de nos boissons de tes yeux jolis
comme mer de possibilités là devant nous
l’autre est parti sans laisser de pourboire
et le barman nous fixe nous dit alors vous
ce sera quoi ? ce sera pour l’instant juste boire
le bleu de tes yeux ton regard ton visage
dans la mer de choses possibles là où on nage

Extrait du poème À Bourges de Ian Monk, in 14 x 14 l’Âne qui butine, 2014

...........................................................................................................................................


L'oulipien de l'année/Zazipo
Musique de table
Musique de table. Tino est dans le jardin et voit une orange. Il dit qu’est-ce que c’est comme fleur. Il demande ce que c’est comme nuage. Le père dit qu’une fleur est une fleur. Tino prend l’orange et dit papa pèle-moi le nuage. Le père pèle la fleur et donne six tranches à Tino. Le père mange une tranche et dit qu’une tranche est une tranche. Tino mange. Il dit c’est une tranche de nuage elle a un goût de fleur. Il demande ce que c’est comme fleur. Le père dit qu’un nuage est un nuage et qu’une orange est une orange. Tino voit une limace. Le père voit un petit chien de Calabre. Le père dit qu’est-ce que c’est que cette pluie dans le jardin. Il demande qu’est-ce que c’est que cette comète dans le jardin. Tino dit ce n’est pas une queue de comète dans le jardin c’est une orange avec deux cornes. Le père pèle l’orange et dit voici une tranche de pluie voici une tranche de neige et voici une tranche de patatras. Chouette dit Tino et il donne l’orange au ramoneur.
Oskar Pastior, extrait de Après l’est et l’ouest, chez Textuel, collection L’oeil du poète, 2001, traduction Alain Jadot, version originale dans Höricht, Klaus Ramm, 1975
Vous pouvez consulter les variations, et proposer la vôtre...

lundi 16 novembre 2015

Pour un nouveau bistrot



     A.regarde le bistrot.
     Deux lampes à gaz d'essence l'éclairent.  A cligne des yeux, aveuglé par la lumière crue et glauque. Aux deux-tiers des vitres,  au-dessus de la barre d'appui, la buée s'élève, dessinant  les contours vagues d'une carte de  la City . Du côté de la porte ouverte de l'office, le jour pâlit. A et B . sont assis, côte à côte, sur la banquette de simili cuir gris, le buste incliné. La musique des  glaçons s'entrechoquant dans le verre d'un consommateur, puis un verre qui se casse leur font lever les yeux et s' humecter leurs lèvres sèches..
     A une distance de soixante-dix centimètres, un  client s'apprête à partir. Son verre a marqué  la table en formica clair de plusieurs auréoles qui se chevauchent, s'entrecroisent, se brisent, formant un réseau de cercles, d'arcs de cercles, de diagonales, de lignes inachevées dessinant une carte du  métro londonien. Il compte sa monnaie, la dépose  sur la soucoupe  en porcelaine d'un blanc lumineux, légèrement fissurée  regarde attentivement la note, tire son porte- feuille  de la poche intérieure droite de de son  blouson  en tweed; ses doigts rampent vers la soucoupe puis se retirent; il jette un regard oblique vers la porte, se lève, passe devant le comptoir, le cou enfoncé dans le revers de son col en  velours, comme par temps de smog, et sort  sans regarder A et B.
     Le barman fait son entrée par la porte ouverte de l'office, tenant à deux mains un plateau et la carte pliée  au coin  supérieur gauche .
Il fixe A et B, le visage orienté à contre - jour ."Vous,  ce sera quoi ? " dit -il d'une voix forte.
A regarde B qui regarde A , de ses yeux bleus.
Silence.
Les traces de buée sur la vitre se brouillent, formant une possible  mer où se noie le regard.
Le barman est en nage.

I. M , le néon qui grésille. A Bougie



.....................................................................................................................................................
A la manière d'Alain Robbe-Grillet, dans La Jalousie, Editions de Minuit
d'où sont extraits les  mots ou phrases en italiques

Extrait ici 

Et là:
"A... est assise à la table, la petite table à écrire qui se trouve contre la cloison de droite, celle du couloir. Elle se penche en avant sur quelque travail minutieux et long : remaillage d'un bas très fin, polissage des ongles, dessin au crayon d'une taille réduite. Mais A... ne dessine jamais; pour reprendre une maille filée, elle se serait placée plus près du jour; si elle avait besoin d'une table pour se faire les ongles, elle n'aurait pas choisi cette table-là.
        Malgré l'apparente immobilité de la tête et des épaules, des vibrations saccadées agitent la masse noire de ses cheveux. De temps à autre elle redresse le buste et semble prendre du recul pour mieux juger de son ouvrage. D'un geste lent, elle rejette en arrière une mèche, plus courte, qui s'est détachée de cette coiffure trop mouvante, et la gêne. La main s'attarde à remettre en ordre les ondulations, où les doigts effilés se plient et se déplient, l'un après l'autre, avec rapidité quoique sans brusquerie, le mouvement se communiquant de l'un à l'autre d'une manière continue, comme s'ils étaient entraînés par le même mécanisme. 
        Penchée de nouveau, elle a maintenant repris sa tâche interrompue. La chevelure lustrée luit de reflets roux, dans le creux des boucles. De légers tremblements, vite amortis, la parcourent d'une épaule vers l'autre, sans qu'il soit possible de voir remuer, de la moindre pulsation, le reste du corps."

Edition électronique là 



..............................................................................................................................................

je regarde le bistrot il est lumineux clair
comme un smog londonien et sa glauque clarté
nous crève les yeux nous fissure l’esprit et on rampe
là l’un vers l’autre dans nos yeux et nos esprits
pendant que le jour se casse nos lèvres sèches lampent
la musique de nos boissons de tes yeux jolis
comme mer de possibilités là devant nous
l’autre est parti sans laisser de pourboire
et le barman nous fixe nous dit alors vous
ce sera quoi ? ce sera pour l’instant juste boire
le bleu de tes yeux ton regard ton visage
dans la mer de choses possibles là où on nage

Extrait du poème À Bourges de Ian Monk, in 14 x 14 l’Âne qui butine, 2014

L'oulipien de l'année/Zazipo

samedi 7 novembre 2015

La folie du boire



Voici venir les temps  des buveurs sans prestige
Chaque bock se remplit ainsi qu'un arrosoir;
Océan du possible, amer aléatoire;
Halte pur éthylique et sirupeux vertige !

 Chaque bock se remplit ainsi qu'un arrosoir;
Le bistrot est brumeux, ce n'est pas le Claridge;
Halte pur éthylique et sirupeux vertige !
Le barman est grincheux, il nous incite à boire.

Le bistrot est brumeux, ce n'est pas le Claridge;
Un client a filé sans filer de pourboire;
Le barman est grincheux, ,il nous incite à boire;
Le smog a estompé l'aplomb de Tower Bridge.

Un client a filé sans filer de pourboire;
Noyé dans tes yeux bleus, je suis ton homme lige!
Le smog a estompé l'aplomb de Tower Bridge!
Nos esprits fissurés à l'amour veulent croire.

MissY 


L'oulipien de l'année/Zazipo
...........................................................................................................................................................
Harmonie du soir

Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !

Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.

Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige,
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.

Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !



Charles Baudelaire

..........................................................................................................................................................................
je regarde le bistrot il est lumineux clair
comme un smog londonien et sa glauque clarté
nous crève les yeux nous fissure l’esprit et on rampe
là l’un vers l’autre dans nos yeux et nos esprits
pendant que le jour se casse nos lèvres sèches lampent
la musique de nos boissons de tes yeux jolis
comme mer de possibilités là devant nous
l’autre est parti sans laisser de pourboire
et le barman nous fixe nous dit alors vous
ce sera quoi ? ce sera pour l’instant juste boire
le bleu de tes yeux ton regard ton visage
dans la mer de choses possibles là où on nage

Extrait du poème À Bourges de Ian Monk, in 14 x 14 l’Âne qui butine, 2014

lundi 2 novembre 2015

flou cinématographique



La Marie du port.
Quai des brumes.
Le loup-garou de Londres.
Un peu de soleil dans l'eau froide.
Où le soleil est froid.
Touchez pas au grisbi
Et pour quelques dollars de plus.
La fille aux yeux d'or.
Le bruit des glaçons
Un si doux visage ( Angel face)
"Big blue eyes "
"T'as d'beaux yeux , tu sais!"
Le grand bleu
Diabolo- menthe.
Un dernier pour la route.
Rien que pour vos yeux.

Missyves
................................................................................................................

Je regarde le bistrot

je regarde le bistrot il est lumineux clair
comme un smog londonien et sa glauque clarté
nous crève les yeux nous fissure l’esprit et on rampe
là l’un vers l’autre dans nos yeux et nos esprits
pendant que le jour se casse nos lèvres sèches lampent
la musique de nos boissons de tes yeux jolis
comme mer de possibilités là devant nous
l’autre est parti sans laisser de pourboire
et le barman nous fixe nous dit alors vous
ce sera quoi ? ce sera pour l’instant juste boire
le bleu de tes yeux ton regard ton visage
dans la mer de choses possibles là où on nage

Extrait du poème À Bourges de Ian Monk, in 14 x 14 l’Âne qui butine, 2014

L'oulipien de l'année/Zazipo

Chicago fêlé




Quand l'euro délaissé
Quelle valeur baissée
Quid du taux cassé
Est-ce prix fissuré

Missyves/Monk 40
.........................................................................................................................................................
Définition du Chicago: ici 
...........................................................................................................................................................

je regarde le bistrot il est lumineux clair
  comme un smog londonien et sa glauque clarté
  nous crève les yeux nous fissure l’esprit et on rampe
  là l’un vers l’autre dans nos yeux et nos esprits
  pendant que le jour se casse nos lèvres sèches lampent
  la musique de nos boissons de tes yeux jolis
  comme mer de possibilités là devant nous
  l’autre est parti sans laisser de pourboire
  et le barman nous fixe nous dit alors vous
  ce sera quoi ? ce sera pour l’instant juste boire
  le bleu de tes yeux ton regard ton visage
  dans la mer de choses possibles là où on nage

  Extrait du poème À Bourges de Ian Monk, in 14 x 14 l’Âne qui butine, 2014


L'oulipien de l'année/Zazipo