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lundi 10 février 2025

Défi 301:"Je me souviens"-Les croqueurs de mots-


Ohé Mâtelôts !!!

Pour ce défi 301, publication sur vos blogs, le lundi 10 février, les Cabardouche prennent la barre de la quinzaine en proposant un sujet "à la manière de". 

Dans son livre intitulé : "Je me souviens" l’écrivain Georges Perec relate 480 petits souvenirs de la vie quotidienne, tels qu’ils lui reviennent à l’esprit, tout en invitant le lecteur à continuer cet inventaire.

"Je me souviens comme c'était agréable, à l'internat, d'être malade et d'aller à l'infirmerie.
Je me souviens des postes à galène.
Je me souviens quand on revenait des vacances, le ler septembre, et qu'il y avait encore un mois entier sans école.

..."

Ma participation:  

Je me souviens du jardin de mon enfance, mon père y cultivait des pommes de terre,  des petits pois , des haricots et aussi des poireaux, et chaque fois qu'il les arrosait, ma mère lui faisait remarquer qu'il pleuvait peu de temps après!

Je me souviens de la curieuse phase de Flaubert , décrivant le jardin d'Emma Boravy  à Tostes: "Le jardin, plus long que large": elle aurait pu s'appliquer à notre jardin, disposé en bande étroite.

Je me souviens d'un voisin âgé qui collectionnait de vieux réveils qu'il remettait en marche, sa maison en était remplie, je me souviens que mes parents, entre eux, le surnommaient "le petit ingénieur".

Je me souviens que, pour aller dans le centre de Cherbourg, le pont tournant était parfois fermé aux piétons et qu'il fallait attendre qu'il soit ouvert: c'était une aventure.

Je me souviens, dans un grand magasin, avoir perdu de vue ma mère quelques instants et combien j'avait eu peur.

Je me souviens de mes vacances au bord de la mer, la marée haute, très haute le 15 août, de  la fête de la plage, de la retraite aux flambeaux, du  feu d'artifice.

Je me souviens avoir appris qu'Yves Allégret  avait tourné dans cette station balnéaire,  en 1951 , un film avec Gérard Philippe , "Une si jolie petite plage" , il paraissait  que les pompiers avaient dû arroser les scènes censées se passer sous la pluie , car contrairement à la réputation de la côte, il n'avait pas plu cet été-là!

Je me souviens de la fête foraine à Montgeron, des autos-tamponneuses, de la complicité avec mon amie de coeur- nous nous disions cousines, ou même soeurs -je me souviens aussi des moustiques qui me dévoraient et de la pommade rose au parfum fort que je devait mettre pour apaiser les piqûres.

Je me souviens du jardin d'acclimatation et du Musée de l'homme, de la salle où étaient exposés des foetus anormaux , humains et animaux : horreur!

Je me souviens d'un livre de lecture, adapté du "Merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède", et d'un autre,  dont j'ai oublié le titre, il s'agissait d'une vache qui , vexée, avait fait une fugue, les animaux de la ferme, les uns après les autres, partaient à sa recherche, le dénouement était très étrange.

Je me souviens des salles de cinéma de quartiers : l'Eden, le Vox, l'Eldorado, des péplums vus à la séance de 17h avec mes parents, nous rentrions tard le soir: quelle joie c'était!

Je me souviens de l'assassinat de J. F Kennedy vu à la télé "en direct" ou plutôt en différé  aux infos : nous étions entre cousins et cousines dans une pièce, les parents dans une autre, et ils n'avaient pas voulu nous croire lorsque nous étions allés le leur dire!

Je me souviens de film de Jean-Gabriel Albicocco, une adaptation du Grand Meaulnes, et de la mode qui s'en était suivie, des petits robes marron à col de dentelle, style "Yvonne de Galais"

Je me souviens du "scandale" de l'affiche où posait Michel Polnareff, celle où une femme - mannequin  promettait: "la semaine prochaine , j'enlève le haut", puis  "j'enlève le bas", promesse et attente un peu déceptives .

Je me souviens de la publicité pour les bas DIM , et du fauteuil d'Emmanuelle.


Je me souviens avoir écrit quelques souvenirs d'enfance sur un site intitulé "Je me souviens"

vendredi 7 février 2025

Un thème, un tableau: la lecture (2)

 


https://lilousoleil.com/2025/02/08/week-end-theme-tableau-la-lecture-2/

UN WEEK-END, UN THÈME, UN TABLEAU  

CHAQUE WEEK-END NOUS PUBLIONS UN TABLEAU SUR UN THÈME DONNÉ POUR DEUX SEMAINES, UNE MANIÈRE LUDIQUE DE DÉCOUVRIR LA PEINTURE ET DE PARTAGER.  NOUS DISONS POURQUOI IL NOUS TOUCHE ET QUELQUES MOTS SUR L'ARTISTE.  THÈME PREMIÈRE QUINZAINE FÉVRIER 2025   

Chaque week-end nous publions un tableau sur un thème donné pour deux semaines, une manière ludique de découvrir la peinture, et de partager, nous disons pourquoi il nous touche, et quelques mots sur l'artiste

Vos participations cette semaine encore nous font voyager dans le temps et l'espace, vers ces endroits secrets où on aime tant s'isoler pour lire,

  Liens ci-dessous,  à la fin de l'article

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Ma participation 




Abélard et son élève Héloïse, 1882, Huile /toile   (Domaine public)

https://en.wikipedia.org/wiki/Edmund_Leighton

     Edmund Blair Leighton, (Londres, 1852-1922) est le fils de l'artiste  Charles Blair Leighton qui mourut alors que son fils n'avait  que deux ans.

Ce peintre anglais s'est  spécialisé dans les scènes de genre et d'Histoire, évoquant la Régence et le Moyen Age,  traitées  de manière onirique et romantique. 
Ainsi se traduit  chez lui l' influence du mouvement pré -Raphaélite ( dernière moitié du XIX ème siècle et  début du XX ème siècle).

Le tableau que j'ai choisi, sur le thème de la lecture, en est un bon exemple: les costumes, l'architecture du cloître, ses  gracieuses colonnettes, la forêt suggérée à  l'arrière-plan, tout cela fait penser au décor d'un drame romantique.

Le sujet est le couple mythique formé par Héloïse et Abélard, cité dans la célèbre Ballade des Dames du Temps jadis de François Villon, mis en musique par Georges Brassens.
L'oncle d'Héloïse avait assuré à la jeune fille une éducation soignée, et pour parfaire celle-ci, lui avait donné comme précepteur un intellectuel renommé, Pierre Abélard, célèbre théologien et philosophe qui la séduisit.


E. Blair Leighton fit ses études à l' University College School mais les arrêta à l'âge de 15 ans pour travailler chez un marchand de thé.
Cependant, voulant étudier l'art, il suivit les cours du soir à Heatherley School of Fine Art in Newman Street, London.
Puis il devint étudiant à la Royal Académy où il exposa ses tableaux de 1878 à 1880. 
Il reçut d'ailleurs une récompense pour ses oeuvres Witness my Act and Seal et A Flaw in the Title. Par la suite, ses tableaux furent souvent exposés à la Burlington House.
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Mon Commentaire:

Le peintre met en scène les amours coupables
Du maître et de l'élève  en tout point remarquables.
Quittant des yeux son livre- A quoi bon la lecture !
Héloïse cédera -t-elle à la luxure ?

Lumineuse Héloïse, au visage angélique!
Pierre, penché vers Elle, dans l'ombre tentatrice,
La presse de laisser là un écrit biblique.
Leurs lettres échangées plus tard, une oeuvre unique
Sans fard évoqueront leurs ébats impudiques.

En réparation se maria Abélard
Mais pourtant fut châtré, pris dans un traquenard;
Héloïse donna naissance à Astrolabe, 
Abbesse fut nommée d'une grande abbatiale.

Le peintre classé comme pré-Raphaélite
A peint un moyen-âge plutôt fantaisiste, 
Traité selon le goût, la mode romantique.
Légendaires amours: beau thème emblématique!

Miss Yves
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vos liensPeintrescomments
Amande douceRamon Casas i Carbó-Jove
CovixPeter Janssens Elinga
FardoiseIman Maléki magnifique
Golondrina63Albert Anker
JazzyGabriel von Max 
JoëlleSamuel Van Hoogstraten
JosyRoger De La Fresnaye.
KImcatLara aka Virtual Feline
Pulsatilla Giuseppe Arcimboldotrès original
Marie des vignes
Marie SylvieWalther FIRLE
Martine tortueFrederic Leighton
MireillePablo Picasso
Miss Yves Edmund Blair Leighton,
Monica BreitzMARGUERITE  GERARD 
ZazaMarie Petiet
Cadeau reçu à Noël, maquette à poser dans la bibliothèque .



samedi 1 février 2025

Un thème, un tableau:la lecture (1)



https://entretoilesetpapiers.eklablog.com/2025/01/lire-au-jardin.html

UN WEEK-END, UN THÈME, UN TABLEAU  

CHAQUE WEEK-END NOUS PUBLIONS UN TABLEAU SUR UN THÈME DONNÉ POUR DEUX SEMAINES, UNE MANIÈRE LUDIQUE DE DÉCOUVRIR LA PEINTURE ET DE PARTAGER.  NOUS DISONS POURQUOI IL NOUS TOUCHE ET QUELQUES MOTS SUR L'ARTISTE.  THÈME PREMIÈRE QUINZAINE FÉVRIER 2025   

Vos participations cette semaine encore nous font voyager dans le temps et l'espace, vers ces endroits secrets où on aime tant s'isoler pour lire,

Amande douce  Covix Lyon giselefayet  Josy - Kimkat Lilousoleil  -  Marie des Vignes  - Marie-Sylvie -  Mireille 29 -  Monica-Breiz Pulsatilla - Rose 63 Tortue  - Zazarambette (tire les rois avec magnificence)

Participent aussi au challenge, selon les thèmes, François -   Miss Yves

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Ma participation:

J'ai choisi deux tableaux de Paul-César Helleu (1859-1927), tous deux mettent en scène, plongée dans la lecture d'un livre, son modèle favori, Alice. 

Le peintre  était tombé follement amoureux d'elle en faisant son portrait, commandé par sa mère, Madame Guérin. 

Elle avait quatorze ans, il  l'épousa  deux ans plus tard.

Paul-César Helleu est l'un des "modèles" du peintre Elstir, dans l'oeuvre de Proust, A la recherche du temps perdu.

Mon analyse:

1-

Le cadrage serré isole complètement la jeune femme du reste du monde. 

 La focalisation sur son visage incliné vers le livre s'effectue par un procédé simple et  efficace: un triangle formé par la partie supérieure du transat et  par le manche du parapluie/parasol 

On devine un mince pan de mer et de ciel de la plage de Deauville, haut lieu de la mondanité à cette époque. Mais tout a disparu du champ visuel de la lectrice: ni les voiles sur l'eau, ni les enfants jouant  ni les élégantes qui sont là pour parader n'affleurent à sa conscience.

Les tons sourds (gris-brun, gris bleu) à peine réchauffés par le brun -roux des cheveux d'Alice accentuent son extrême concentration: rien d'anecdotique ou de brillant ne peut la distraire!

 

                   "Alice Helleu lisant sur la plage de Deauville", musée Bonnat-Helleu, Bayonne 




2-
     Dans cette huile sur toile, il semble que le peintre ait voulu exalter le pouvoir de la lecture, les impressions  qu'elle procure: imagination et sensation de liberté.

Allongée à plat-ventre, le buste redressé, en appui sur ses coudes, tel un sphynx, la lectrice ne fait qu'un avec la nature. Les coups de pinceaux vifs et nerveux, du vert menthe au vert cru soulignent sa silhouette tout de blanc vêtue, qui ressort,   prolongée par l'ombrelle et le livre qu'elle tient avec attention et volontarisme: sa pose est rien moins qu'alanguie!

Une note vive fait chanter ces tons pastels: celle de la chevelure du modèle,  « la multiforme Alice dont la rose chevelure illumine de son reflet tant de miroirs de cuivre », selon Robert de Montesquiou, ami du couple.

A l'instar du tableau ci-dessus, selon un style et des coloris différents, le peintre suggère que la lectrice savoure ce moment privilégié qu'est la lecture.


Portrait de Madame Helleu, épouse du peintre, dans l'herbe Peinture par Paul César Helleu avant 1927, huile sur toile, Rouen, Musée des Beaux-Arts · Paul Cesar Helleu
Musee des Beaux-Arts, Rouen, France / Bridgeman Images

ICI Lien /Exposition Helleu en mai 2016: "Sous le soleil de Normandie" au musée de Saint-Lô  (Article perso sur  Infolocales) voir les 18 photos des Amis des musées.

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Biographie de Paul-César Helleu ici 

https://helleu.org/


Helleu est avant tout le « peintre des femmes ». Il les a aimées et portraiturées avec passion sa vie durant, mais aucune autant que son épouse Alice, qu’il dessina sans relâche dès leur première rencontre. La vie intime et quotidienne de leur foyer constitue une part essentielle de son art graphique. 

Elle apparaît dans cet accrochage en contrepoint à l’élégance de ses portraits mondains.


jeudi 30 janvier 2025

La mer en commun, la mer qui est en moi.

 


La mer qui est en moi, celle de moi enfance

A Cherbourg, je ne peux oublier sa fragrance:

La gare maritime, Titanic en partance, 

Napoléon pointant son index vers la Manche.  


La mer qui est en moi, c'est celle des vacances,

Les bains à marée haute, l'attente à marée basse

Goémon, os de seiche, bois flotté, que de traces!

L'écume qui troublait sa fraîche transparence.


La mer qui est en moi, c'est celle des poètes,

Travailleurs de la mer, la vision du prophète,

Dessins du grand Hugo, la vague qui s'empêtre, 

S'acharnant sur Gilliatt, l'esprit de la tempête.


La mer qui est en moi , la voix de Baudelaire, 

Qui s'enfle et qui reflue et me prend à revers

Phare, fanal brillant au fin fond des Abers

Homme libre toujours tu chériras la mer!


Miss Yves

https://classes.bnf.fr/essentiels/albums/hugo_travailleurs/









lundi 27 janvier 2025

Défi N° 300: lettre de voeux

                                                                     Lilou lance le défi:

Janvier n’est pas encore terminé et nous avons encore jusqu’à la fin d’année pour présenter nos vœux de bonne et heureuse année 2025.

Je vous propose donc, de vous mettre dans la peau du Loup ou de la Grand-Mère du petit Chaperon Rouge, d’écrire un petit texte sur le thème ci-dessous.

                Ce texte sera à publier sur votre blog pour le 27 janvier 2025.

Amusez-vous bien et amusez-nous, j’attends avec impatience de vous lire.



Lettre adressée à La grand-mère du petit chaperon rouge:

 A la ma-mie du petit chap-rond rouge vif du petit c'happe rond rouge sang 

CHAIR madamn' 

J'ai a-pris que vous aviez û une o-paire-à scions du ventr' aprè une indigne-gestion , quel'que chôse ki vous hais resté sur l'est-ô-mât, comm' des pierre dûr à a-vallée.

Hais queue vous aviez été recouz-ûe .

 Sa doigt fair' mâle !

Allor', je vou sou-êtes une bonn' année et sur- toux une bonn' sans -thé  sang t'hais !

(‌Moi j'hais û un axe-i-dents avec un bûche-rond mâle intense -ion-niais , m'hais sa va mieu, mère- scie) 

Bond .

Je suis infir-m-niais à do-mi-cil , hais je peu vous fair' de la ré-hais-du-cass'ion  , de la ki-niais-zi-thé-ra-tant -pis, et ôssi de la gimetonic', ou du pile-hâte pour votr' petit' fiye ki hais bien gentiye et mignonn'à croc-quer.

Mé-y-heur vieux 2025 !

Sign-hais: Jean-Loup I-hais-tue

j'ahh-bite : 13 Rut du Boit

  Sain  Sein gens  -pied- deux - PORCS

Péhesse: 

Je fée ôssi de l'hip-n' ôse si vous voul'hais.


Cette lettre est restée sans réponse, mais des copies en ont été envoyées à la gendarmerie et à des psychiatres.  

Affaire à suivre.



samedi 25 janvier 2025

Un thème, un tableau:tirer les rois (2)

https://lilousoleil.com/2025/01/25/week-end-theme-tableau-tirer-les-rois-2/



https://www.museetahiti.pf/evenements/le-portrait-de-la-reine-pomare-par-sebastien-charles-giraud/

Portrait de la reine Pomaré- Charles Giraud ©MTI
Musée de Tahiti et des Iles.

Le portrait conservé à Tahiti constitue une commande officielle de 1851, à la suite du souhait de la Reine d’en recevoir un à sa propre effigie.[3] 


Charles Giraud (1819-1892) embarque pour Tahiti en 1843, à 23 ans. Sa mission lui est confiée par le Gouverneur Bruat qui sollicita à plusieurs reprises le Ministre de la Marine et des Colonies pour embarquer Giraud vers la « nouvelle colonie » des Marquises.

C’est à Tahiti qu’il séjournera finalement, devenant ainsi, entre 1843 et 1847, le premier artiste-peintre français à vivre si loin et aussi longtemps, témoin privilégié d’une Polynésie que Gauguin jugea déjà perdue à son arrivée, cinquante ans plus tard.

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                  La reine Pomaré IV

Comme sur un portrait de cour  de  Renaissance

Pomaré trône, affirmant sa haute naissance

Faisant fi des représentations exotiques,

Elle se montre en grand personnage historique.


Pour couronne, des fleurs, et un regard hautain.

La blancheur du satin fait ressortir son teint,

Pomaré quatre aimait les soieries de Lyon.

Voit-on pointer les mers du Sud à l'horizon?


Absent, jupitérien, son regard est lointain,

Léger col échancré, pas encor puritain.

Pour sceptre un éventail au détail ambigu

Mais le peintre appointé obtiendra-t-il son dû ?


Ce tableau, un trésor gardé à Tahiti

Se décline autrement, musée du quai Branly.


Miss Yves


Portrait de la reine Pomaré

1852
Photo (C) RMN-Grand Palais (musée du quai Branly - Jacques Chirac) / Christian Jean

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https://lilousoleil.com/2025/01/25/week-end-theme-tableau-tirer-les-rois-2/


vos liensPeintrescomments
Amande douce
CovixCharles le Brun
FardoiseBenjamin ConstantJ’ai choisi Irène de Byzance
Golondrina63Diego Velasquez
JazzyFrancisco de Goya
JosyLouis de CAULERY.
KImcatSuzanne Herbert
PulsatillaFranz Xavier Wagenschön
Marie SylviePhil RICHARDS 
Martine tortue François Clouet
MireilleJan Miense Molenaer 
Monica BreitzEdouard Manet
ZazaÉlisabeth Vigée Le Brun
Poésie de François

https://zazarambette.fr/le-week-end-un-theme-un-tableau-25-janvier-2025/?utm_source=mailpoet&utm_medium=email&utm_source_platform=mailpoet&utm_campaign=zaza-rambette-le-retour-%20le%2025%20Janvier%202025


Le portrait conservé à Tahiti constitue une commande officielle de 1851, à la suite du souhait de la Reine d’en recevoir un à sa propre effigie.[3] Le gouvernement français chargea donc Giraud de le réaliser, à l’huile et de grandeur nature. Il semble qu’un litige ait eu lieu au moment du paiement des 800 Frs facturés par l’artiste, finalement revus à la baisse pour un montant de 600 Frs.

On y voit la Reine représentée de face, assise et accoudée sur un support recouvert d’une étoffe rayée dont les reflets satinés font échos à ceux de sa tenue. Cette astuce visuelle ajoute à sa prestance et équilibre la composition. La souveraine est aussi visuellement soutenue par les troncs et feuilles de bananiers qui la replacent dans un contexte insulaire et en deviennent presque un emblème. Le tableau s’ouvre sur le côté arrière droit avec un paysage qui, de prime abord, ne semble pas particulièrement local bien que certains y voient « les formes imprécises d’une île, la mer ».[4]

Ce cadre et cette posture évoquent ainsi les traditions de portraits d’apparat européens en vogue dès la Renaissance. La Reine est figurée en majesté, de face, grave, hiératique, dans une image qui la détache des mythes et du portrait littéraire exotiques.[5] Elle devient ainsi un personnage historique grâce à un costume occidental et à une sévérité « toute jupitérienne ».[6]

Pomare était connue pour revêtir « des robes confectionnées avec les plus belles étoffes de Lyon » lors des cérémonies publiques.[7] Sa tenue satin ivoire à manches demi-courtes possède un col relativement ouvert et une légère collerette plate qui entoure ses épaules. Les fronces du vêtement se rejoignent par un nœud en ruban central. Aux doigts de sa main droite, des anneaux précieux offrent un rappel de la brillance de l’étoffe. Cette dernière révèle une pièce en tissu plus fin, peut-être une longue tunique sous-jacente.[8] Quoiqu’il en soit, Giraud semble avoir offert une attention particulière au détail historique puisque les cols des robes missionnaires, ornés d’une collerette dans les années 1820, s’ouvrent largement dans les années 1840, avant de se refermer jusqu’au cou vingt ans plus tard.[9]

Malgré sa tenue européenne, la souveraine souvent surnommée « Victoria des Mers du Sud »,[10] conserve certains emblèmes tropicaux. Elle est ici représentée avec une complexion plutôt réaliste. Giraud est en effet l’un des rares à utiliser alors des ocres relativement foncés pour rendre son teint,[11] en opposition à la tendance à un rendu plus pâle dans les représentations de Polynésiens et Polynésiennes.

Pomare porte une couronne végétale – bien qu’elle évoque plutôt des roses, d’ailleurs décrites plus tard comme artificielles par sa belle-fille Marau,[12] des fleurs d’hibiscus en pendant d’oreilles et un éventail de plumes. Ce dernier illustre toute l’ambivalence de ce portrait, au chevauchement des deux sociétés, l’une « traditionnelle », l’autre européenne.[13] Car si l’éventail est bien un attribut polynésien de prestige (voir le magnifique exemplaire présenté dans l’exposition Tupuna transit au Musée de Tahiti et des Îles), il semble ici confectionné en plumes blanches particulièrement fournies – d’autruche peut-être – et comporte, en son centre, un médaillon combinant orfèvrerie et glyptique. La légende aurait fait voyager cet éventail jusque dans les collections du British Museum, après avoir été offert par Pomare à la Reine Victoria.[14] Malheureusement, il ne semble pas en rester de traces aujourd’hui.