Dodo adora
C’est surtout les soirs d'insomnie - même si je me suis couchée de bonne heure- que je me livre le plus volontiers à cette sorte d’exercice oulipien .Malheureusement, mes poèmes ne se scandent guère plus qu'en hendécasyllabes , et quelquefois même, seulement en pentamètres. En termes de lecture , leur longueur est comprise entre celle d'un sonnet (14 vers) et d'une ballade de 35 vers. Tout se mélange avec rapidité, comme dans un centon , et d’authentiques créations se mettent à échapper à mon contrôle comme dans les séances d'écriture automatique des Surréalistes.
Le plus souvent, découragée, je me désintéresse de ces créations trop volatiles et je pense à autre chose: à compter des moutons de Panurge , par exemple ou à faire des listes de prénoms commençant par une lettre donnée. D’autres fois, je m’accroche, je m’efforce de les remanier et j’utilise les sonorités d’un poème en pleine évanescence pour en fabriquer hâtivement un autre- selon la méthode S+7- qui ne tiendra d’ailleurs pas plus longtemps, dans l'horreur d'une profonde nuit.
Au réveil, il était midi.
François Danletexte Poèmes à Dormir debout - L’Échappatoire, 1999.
(Miss Yves)
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Point de Départ:
Zazie Mode d’Emploi
vous invite à triturer, malaxer, détourner, frelater, métamorphoser, calligraphier, traduire, remanier, mettre en musique, travestir ou bandedessiner cet extrait de La Peinture à Dora de François Le Lionnais, dont on fêtera à Lille les 111 ans en 2013.
Résumé en un « tweet » (140 caractères) des circonstances du texte : Durant les longs appels à Dora, FLL, prisonnier, pratique la peinture mentale, copiant des chefs-d’œuvre ou créant des tableaux imaginaires.
C’est surtout le soir que je me livre le plus volontiers à cette sorte d’exercice. Malheureusement, mes tableaux ne durent généralement pas plus de quelques minutes, quelquefois même quelques secondes. En termes de radio-activité, leurs « périodes » sont comprises entre celles du Thorium A (0,14 seconde) et du Radium C (3 minutes). Tout se défait avec rapidité, comme les dessins de la pluie sur une vitre, et d’authentiques chefs-d’œuvre se mettent à couler comme des camemberts. Le plus souvent, découragé, je me désintéresse de ces créations trop liquides et je pense à autre chose. D’autres fois, je m’accroche, je m’efforce de les remanier et j’utilise les débris d’un tableau en pleine déliquescence pour en fabriquer hâtivement un autre, qui ne durera d’ailleurs pas plus longtemps.
François Le Lionnais, La Peinture à Dora - L’Échoppe, 1999.
François Le Lionnais, La Peinture à Dora - L’Échoppe, 1999.