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jeudi 17 octobre 2013

Dix mots à la folie, à la manière de ...








Enlivrez-vous

Il faut être toujours livre, tout est là ; c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enlivrer sans trêve. Mais de quoi? Dun traité sur le vin, d'un recueil de poésie, ou d'un guide de vertu à votre guise, mais enlivrez-vous!Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, vous vous éveillez, le livre déjà feuilleté ou lu, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge; à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est. Et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront, il est l'heure de s'enlivrer ; pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enlivrez-vous, enlivrez-vous sans cesse d'un traité sur le vin, d'un recueil de poésie, d'un guide de vertu, à votre guise. Baudelaire, (In Les petits poèmes en prose)
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ENIVREZ-VOUS

Il faut être toujours ivre, tout est là ; c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous!
Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge; à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est. Et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront, il est l'heure de s'enivrer ; pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise.
(In Les petits poèmes en prose)


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