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jeudi 3 janvier 2013

C’est surtout les soirs d'insomnie

Dodo adora


C’est surtout les soirs d'insomnie - même si je me suis couchée de bonne heure- que je me livre le plus volontiers à cette sorte d’exercice oulipien .Malheureusement, mes poèmes ne se scandent guère plus qu'en hendécasyllabes , et quelquefois même, seulement en pentamètres. En termes de lecture , leur longueur est comprise entre celle  d'un sonnet (14 vers) et d'une ballade de 35 vers. Tout se mélange avec rapidité, comme dans un centon , et d’authentiques créations  se mettent à échapper à mon contrôle comme dans les séances d'écriture automatique des Surréalistes.

 Le plus souvent, découragée, je me désintéresse de ces créations trop volatiles et je pense à autre chose: à compter des moutons de Panurge  , par exemple ou à faire des listes de prénoms commençant par une lettre donnée. D’autres fois, je m’accroche, je m’efforce de les remanier et j’utilise les sonorités  d’un poème en  pleine évanescence  pour en fabriquer hâtivement un autre- selon la méthode S+7- qui ne tiendra d’ailleurs pas plus longtemps, dans l'horreur d'une profonde nuit.


Au réveil, il était midi.

François Danletexte Poèmes à  Dormir debout - L’Échappatoire, 1999.
(Miss Yves)

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Point de Départ:
Zazie Mode d’Emploi


 vous invite à triturer, malaxer, détourner, frelater, métamorphoser, calligraphier, traduire, remanier, mettre en musique, travestir ou bandedessiner cet extrait de La Peinture à Dora de François Le Lionnais, dont on fêtera à Lille les 111 ans en 2013.

 Résumé en un « tweet » (140 caractères) des circonstances du texte : Durant les longs appels à Dora, FLL, prisonnier, pratique la peinture mentale, copiant des chefs-d’œuvre ou créant des tableaux imaginaires.
C’est surtout le soir que je me livre le plus volontiers à cette sorte d’exercice. Malheureusement, mes tableaux ne durent généralement pas plus de quelques minutes, quelquefois même quelques secondes. En termes de radio-activité, leurs « périodes » sont comprises entre celles du Thorium A (0,14 seconde) et du Radium C (3 minutes). Tout se défait avec rapidité, comme les dessins de la pluie sur une vitre, et d’authentiques chefs-d’œuvre se mettent à couler comme des camemberts. Le plus souvent, découragé, je me désintéresse de ces créations trop liquides et je pense à autre chose. D’autres fois, je m’accroche, je m’efforce de les remanier et j’utilise les débris d’un tableau en pleine déliquescence pour en fabriquer hâtivement un autre, qui ne durera d’ailleurs pas plus longtemps.

François Le Lionnais, La Peinture à Dora - L’Échoppe, 1999.

La vie en peinture



                 La vie en peinture
J'ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les seuls miradors  teignaient de mille feux,
Et que leurs grands piliers, écorchés et hideux,
Rendaient pareils, le soir, à des corps squelettiques.
Les foules, en croulant sous la rage des Schleus,
 Mêlaient d'une façon grotesque et pathétique
Les tout-puissants accords des bourreaux en musique
Aux couleurs des tableaux  reflétés par mes yeux.

C'est là que j'ai vécu dans les cruautés calmes,
Au milieu du Radium, du vague, des vapeurs
Et des esclaves nus, empreints de puanteurs,
Qui couronnaient  le front du peintre  avec des palmes,
Dans l'unique souci pour moi d'approfondir
Les essais  douloureux qui me faisaient tenir.

La vie à Dora, Charles  Le Lionnais. 
Les Pleurs du Mal
(Miss Yves)
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 La vie antérieure,
J'ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux,
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.
Les houles, en roulant les images des cieux,
Mêlaient d'une façon solennelle et mystique
Les tout-puissants accords de leur riche musique
Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.
C'est là que j'ai vécu dans les voluptés calmes,
Au milieu d l'azur, des vagues, des splendeurs
Et des esclaves nus, tout imprégnés d'odeurs,
Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,
Et dont l'unique soin était d'approfondir
Le secret douloureux qui me faisait languir.

Baudelaire.Les Fleurs du Mal
Zazie Mode d’Emploi vous invite à triturer, malaxer, détourner, frelater, métamorphoser, calligraphier, traduire, remanier, mettre en musique, travestir ou bandedessiner cet extrait de La Peinture à Dora de François Le Lionnais, dont on fêtera à Lille les 111 ans en 2013.
 Résumé en un « tweet » (140 caractères) des circonstances du texte : Durant les longs appels à Dora, FLL, prisonnier, pratique la peinture mentale, copiant des chefs-d’œuvre ou créant des tableaux imaginaires.
C’est surtout le soir que je me livre le plus volontiers à cette sorte d’exercice. Malheureusement, mes tableaux ne durent généralement pas plus de quelques minutes, quelquefois même quelques secondes. En termes de radio-activité, leurs « périodes » sont comprises entre celles du Thorium A (0,14 seconde) et du Radium C (3 minutes). Tout se défait avec rapidité, comme les dessins de la pluie sur une vitre, et d’authentiques chefs-d’œuvre se mettent à couler comme des camemberts. Le plus souvent, découragé, je me désintéresse de ces créations trop liquides et je pense à autre chose. D’autres fois, je m’accroche, je m’efforce de les remanier et j’utilise les débris d’un tableau en pleine déliquescence pour en fabriquer hâtivement un autre, qui ne durera d’ailleurs pas plus longtemps.

François Le Lionnais, La Peinture à Dora - L’Échoppe, 1999.