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mercredi 19 octobre 2011

A la manière de ...Gérard de Nerval

             

     Milly

Je pense à toi, Milly, farouche poétesse,
Aux landes désertées ,de mille vents hurlant,
A ton front lacéré d'un éclair aveuglant,
Au gong du soir feutré par la  pluie vengeresse.

C'est sur ta page aussi que j'ai lu la tristesse,
Et dans un cadre étroit au bois bringuebalant,
Quand sous les coups de Zeus on me voit sursautant,
Car l'orage a fait un les fils de pluie traîtresse.

Je sais pourquoi ce soir le livre s'est rouvert...
C'est qu'Harry l'avait annoté d'un doigt agile
Et de bulles soudain a décoré l'envers .

Depuis qu'un mangaka usa d'un stylo bille,
Toujours sous le délié d'un pinceau d'escarbille
Sainte -Cathy s'unit à Heathcliff le pervers.

GérHarry Mathews Labrunie.
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Myrtho





   
Je pense à toi, Myrtho, divine enchanteresse,/
Au Pausilippe altier, de mille feux brillant,/
À ton front inondé des clartés d’Orient,/
Aux raisins noirs mêlés avec l’or de ta tresse.//


C’est dans ta coupe aussi que j’avais bu l’ivresse,/
Et dans l’éclair furtif de ton œil souriant,/
Quand aux pieds d’Iacchus on me voyait priant,/
Car la Muse m’a fait l’un des fils de la Grèce.//


Je sais pourquoi là-bas le volcan s’est rouvert../
C’est qu’hier tu l’avais touché d’un pied agile,/
Et de cendres soudain l’horizon s’est couvert.//

Depuis qu’un duc normand brisa tes dieux d’argile,/
Toujours, sous les rameaux du laurier de Virgile,/
Le pâle Hortensia s’unit au Myrte vert !

  Gérard de Nerval

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.C’est un soir de vent, de tonnerre et de pluie. Elle est plongée dans la lecture des Hauts de Hurlevent en bande dessinée. Un brusque coup de tonnerre et la pluie persistante se change en pluie d’orage, avec des éclairs nets ou diffus, et un tonnerre qui dirait-on fouette les frondaisons dans les gris du soir. Par le cadre de sa fenêtre s’infiltrent des minces fils de pluie poussée par les coups de bélier que le vent assène contre l’abondance soudaine d’une pluie que ne veut ni homme ni herbe, pas plus que le tonnerre qui vous fait sauter comme un enfant, ou ce vent qui arrive presque à étouffer le gong du soir.


Sainte-Catherine, Harry Mathews, P.O.L., 2000
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samedi 15 octobre 2011

A la manière de ...V.Hugo, Les Djinns



A la manière de V. Hugo, Les Djinns (strophes 1 à 7)

Heathcliff

Terre, ifs
Et rocs,
 Abris
 Des coqs,
Bruyère
Où errent
Les corps
Des morts.

Dans la lande
Naît un cri.
C'est la haine
D'un maudit.
Il réclame
Une femme
Que le drame
Toujours suit.

Le cri plus grave
S'enfle en écho.
D'un vent qui râle
C'est le héraut.
Il siffle et danse
En déshérence
Sur un vieux tremble
Secoue le Haut.

La foudre s'entête,
La pluie la relaie.
C'est sur la fenêtre
Des coups de bélier,
C'est un fil de pluie
Qui coule et s'infiltre
Qui grossit, persiste
Et frappe la vitre .

Dieu! La voix stridulante
D'Heathcliff!- Quel noir  il fait!
Lisons dans la tourmente
Hurlemont en bédé!
Soudain l'éclar diffus
Et le tonnerre aigu
Font sauter qui a lu
Le roman d'E. Brontë.

C'est le destin d'Heathcliff-Las !
Lui claironne le serment
De déposséder la race
D'Earnshaw, le Maître d'antan.
Sans remords, sourd et avide,
Ployant sous sa loi rigide
Ensemble Hindley, Catherine,
Sans pitié pour leurs enfants .

Il est tout près!-Tenons fermée
La fenêtre où nous relisons.
Qui prie dehors ?Triste croisée
De soupirs et de passions.
Le cadre de bois descellé
Laisse passer la main glacée
Et la plainte d'âme égarée
Dans le vent étouffe le gong .

S T C H M M Y
(Miss Yves )

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Murs, ville
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise
Tout dort.

Dans la plaine
Naît un bruit.
C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu'une flamme
Toujours suit.

La voix plus haute
Semble un grelot.
D'un nain qui saute
C'est le galop.
Il fuit, s'élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d'un flot.

La rumeur approche,
L'écho la redit.
C'est comme la cloche
D'un couvent maudit,
Comme un bruit de foule
Qui tonne et qui roule
Et tantôt s'écroule
Et tantôt grandit.

Dieu! La voix sépulcrale
Des Djinns!... - Quel bruit ils font!
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond!
Déjà s'éteint ma lampe,
Et l'ombre de la rampe..
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.

C'est l'essaim des Djinns qui passe,
Et tourbillonne en sifflant.
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brûlant.
Leur troupeau lourd et rapide,
Volant dans l'espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.

Ils sont tout près! - Tenons fermée
Cette salle ou nous les narguons
Quel bruit dehors! Hideuse armée
De vampires et de dragons!
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu'une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée,
Tremble, à déraciner ses gonds.

Cris de l'enfer! voix qui hurle et qui pleure!
L'horrible essaim, poussé par l'aquillon,
Sans doute, o ciel! s'abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle penchée,
Et l'on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,
Le vent la roule avec leur tourbillon!

Prophète! Si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs,
J'irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs!
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d'étincelles,
Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
Grince et crie à ces vitraux noirs!

Ils sont passés! - Leur cohorte
S'envole et fuit, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L'air est plein d'un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines
Frissonnent tous les grands chênes,
Sous leur vol de feu pliés!

De leurs ailes lointaines
Le battement décroît.
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d'une voix grêle
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.

D'étranges syllabes
Nous viennent encor.
Ainsi, des Arabes
Quand sonne le cor,
Un chant sur la grève
Par instants s'élève,
Et l'enfant qui rêve
Fait des rêves d'or.

Les Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leur pas;
Leur essaim gronde;
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu'on ne voit pas.

Ce bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord;
C'est la plainte
Presque éteinte
D'une sainte
Pour un mort.

On doute
La nuit...
J'écoute: -
Tout fuit,
Tout passe;
L'espace
Efface
Le bruit.

Victor Hugo

vendredi 14 octobre 2011

Clotide

Forme empruntée par Annie Hupé au poème éponyme d’Apollinaire, la clotilde se définit par 3 quatrains chacun formé de 3 vers de 7 syllabes, suivis d’un vers de 8 syllabes.
Le premier vers est composé de 2 substantifs qui commencent par -a- suivi d’une même lettre, et sont reliés par -et- et précédés d’un -l’-
Le premier mot est de 4 syllabes, mais avec un -e muet- au bout, donc il compte pour 3 en faisant la liaison avec le -et-, le second est de 3 syllabes qui comptent toutes.
Rimes croisées avec alternance de rimes féminines et masculines.
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Clotilde

L´anémone et l´ancolie
            
Ont poussé dans le jardin
Où dort la mélancolie
Entre l´amour et le dédain

Il y vient aussi nos ombres
Que la nuit dissipera
Le soleil qui les rend sombres
Avec elles disparaîtra

Les déités des eaux vives

Laissent couler leurs cheveux
Passe il faut que tu poursuives
Cette belle ombre que tu veux

Apollinaire 
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C’est un soir de vent, de tonnerre et de pluie. Elle est plongée dans la lecture des Hauts de Hurlevent en bande dessinée. Un brusque coup de tonnerre et la pluie persistante se change en pluie d’orage, avec des éclairs nets ou diffus, et un tonnerre qui dirait-on fouette les frondaisons dans les gris du soir. Par le cadre de sa fenêtre s’infiltrent des minces fils de pluie poussée par les coups de bélier que le vent assène contre l’abondance soudaine d’une pluie que ne veut ni homme ni herbe, pas plus que le tonnerre qui vous fait sauter comme un enfant, ou ce vent qui arrive presque à étouffer le gong du soir.

Sainte-Catherine, Harry Mathews, P.O.L., 2000
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 Clotilde et Emily

L'atmosphère et l'avarie
Ont malmené la fenêtre 
Où crie vent, tonnerre et pluie
Entre les frondaisons du hêtre.


C'est un soir  où le vent gronde,
Wuthering  Heights  en bédé
Plonge Emily  dans le monde
Du vent qui devient bélier.


La pluie sature le trèfle,
Le vent tue le  gong du soir.
Un pâle visage d'elfe
Sous l'éclair diffus troue le noir.


Sainte-Clotilde, H. Matué(r)


(Miss Yves )

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