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mardi 10 février 2015

Je n'ai jamais lu

Parmi ces noms de villas balnéaires:
La grève d'Or,
la Rose des Vents,
les Pins,
Les Hublots,
La Fourmi,
Villa Denise,
le classique "Abri côtier" 
et l'inévitable "Sam'Suffit"

en voici un  qui sort des sentiers (de douaniers) battus:
Jalna.

 Avec ses quatre fenêtres ou portes-fenêtres  en façade, autant sur l'un des pignons
- combien sur les autres, non visibles de la plage- 
la villa aux volets bleu-layette, un long moment plus ou moins délaissée, aujourd'hui retapée et agrandie , affiche les goûts de ceux qui l'ont construite:



un hommage à la saga  en 16 volumes de  Mazo De la Roche
                               et qui sait?le rêve de fonder une dynastie, à l'instar des Whiteoak.

essai paru  aux Editions de Minuit , dans la collection Paradoxe.
Un titre provocateur qui pourrait faire croire à des recettes pour paraître , pour bluffer, mais 
qui parle plutôt des codes culturels communs , de la liberté de lire ou de ne pas lire, et des mots pour le dire.
Comment parler de Jalna, chronique que je n'ai jamais lue?

Etait-ce -ce à cause du nombre de  pages  à dévorer
- et pourtant la Chronique des Pasquier de Georges Duhamel  (10 volumes) n'avait pas été un obstacle-et ses personnages m'ont longtemps accompagnée:Laurent l'idéaliste, Joseph le matérialiste, le Docteur Pasquier , ses éclats et ses frasques...

-du  thème dynastique, trop conformiste à mon goût, à l'époque, 

-de la couleur mièvre des volets bleu-layette, 
ou tout simplement des vacances,de la blondeur 
la  chaleur de l'été?





Les livres que je n'ai écrits
Les cris que je n'ai pas poussés
Les poussins que je n'ai pas tués
Les "tu" , les "nous "que l'on délie
les lits que je n'ai pas défaits
Les faits que j'ai voulu renier
Les "ni "et les "non" murmurés
Les murs pour toujours renversés
Les serments hélas non tenus
Les numéros que j'ai rayés
Les hyènes que j'ai détestées
Les tests auxquels on s'est livrés
Les livres que je n'ai écrits
Les livres que je n'ai pas lus
Les livres que j'ai tant relus
Les livres que j'ai lus trop tard
Les Tartares qui ont brûlé
Les livres et leur humanité
Les livres que je veux relier
Les livres que je veux relire
Les livres qui me rendent ivre
Les livres que je veux garder

MissYves





Les livres que je n’ai pas écrits, n’allez surtout pas croire, lecteur, qu’ils soient pur néant. Bien au contraire (que cela une bonne fois soit dit) ils sont comme en suspension dans la littérature universelle. Ils existent dans les bibliothèques, par mots, par groupes de mots, par phrases entières dans certains cas. Mais il y a autour d’eux tant de vain remplissage, ils sont pris dans une telle surabondance de matière imprimée, que moi-même à vrai dire, malgré tous mes efforts, n’ai pas encore réussi à les isoler, à les assembler. Le monde en fait me paraît rempli de plagiaires, ce qui fait de mon travail une longue traque, la recherche têtue de tous ces menus fragments inexplicablement dérobés à mes livres futurs.

Marcel Bénabou, Pourquoi je n’ai écrit aucun de mes livres, Textes du XXe siècle, Hachette 2006

7 commentaires:

  1. Et peut-etre une maison que tu voudrais "aquareller?"

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  2. Je n'en ai jamais eu l'idée , autrefois.
    Maintenant, pourquoi pas?

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  3. Je n'en ai jamais eu l'idée , autrefois.
    Maintenant, pourquoi pas?

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  4. Thérèse a raison, une belle aquarelle de cette villa.
    Bravo pour ton texte.
    Je n'ai point écrit de livres
    J'en ai lu quelques uns, enfin pas mal quand même,
    des que j'ai relus, et même re relus
    mais si tu savais combien je n'en ai pas lus.

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  5. Sur la côte,
    La villa se dresse
    Fière et haute.

    Deux fenêtres sur le toit
    Lui donne de la hauteur,
    Ses ouvertures
    Au linteau anse de panier
    Lui donne fière allure.

    Avec son port altier
    Sous la voûte céleste,
    Elle est pâle de blancheur,
    Mais ses volets de bois
    Peints en bleu layette,
    Lui donne de la couleur.

    Ses fenêtres s'ouvrent sur la mer,
    Une petite clôture
    Cerne un joli jardinet,
    A l'exotique verdure.

    Son pignon
    Est tout aussi chouette
    Que sa façade sur la mer,
    Sur lequel s'ouvre un portillon
    En bois
    Bleu layette,
    Comme les volets.

    Sur la côte,
    Se dresse Jalna,
    Une villa
    Au joli cachet.

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  6. Je ne sais si c'est la froidure de février qui me réveille les neurones, mais j'ai beaucoup écrit depuis le début du mois.
    Après mon broc, l'hiver.

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